jeudi 13 août 2015

Affaire Patricia Wilson : trois ans après, des zones d'ombre persistent

Trois ans déjà. Trois années d'une insupportable absence pour les proches de Patricia Wilson. Trois années d'une longue incarcération pour Jean-Louis Cayrou, présenté comme le suspect numéro, détenu depuis le 26 août 2012 et qui continue de clamer son innocence du fond de sa cellule*. Au bout du compte, il y a ce point d'interrogation (et beaucoup de questions, aussi) conjoint à l'absence du corps de cette Anglaise qui, jusqu'à ce jour d'août où tout a basculé, vivait dans sa maison des «Landes Basses», à Vabre-Tizac.
Alors que le réquisitoire est bouclé, comme nous l'a confirmé Maître Lévy, l'avocat de Cayrou, en ce début de semaine, pour nombre d'observateurs, des zones d'ombre persistent.
Restent les faits. Le 22 août 2012, les gendarmes de Villefranche-de-Rouergue sont alertés en début d'après-midi par deux amies de Patricia Wilson, inquiètes après avoir découvert des traces de sang suspectes en différents points de la maison des «Landes basses». Les premières constatations confirment la présence de nombreuses traces similaires dans la cuisine, au salon et dans la cave, mais aussi à l'extérieur, avec des traînées de sang sur la terrasse en pierre. En revanche, pas de signe d'effraction, ni de fouille ou de lutte. La boîte aux lettres était vide, alors que l'enquête a permis de préciser que Patricia Wilson avait reçu du courrier en son absence.
La dernière personne à l'avoir vue vivante était Fiona Mc Kinley. C'était le 17 août 2012 vers 19 h 30, après qu'elle l'avait déposée à son domicile à leur retour d'Angleterre. Depuis lors, aucune trace de Patricia Wilson n'a été décelée.

Confidences

Or, au cours de ce début d'enquête, les gendarmes apprirent que Patricia Wilson était séparée depuis octobre 2011 de son compagnon, Donald Marcus, retourné vivre en Angleterre, et qu'elle aurait eu une relation amoureuse avec Jean-Louis Cayrou, qui avait effectué des travaux de jardinage chez elle. Aussitôt, les enquêteurs s'intéressèrent à lui, d'autant plus que deux amies de la disparue auraient recueilli des confidences selon lesquelles, dans la nuit du 28 juillet 2012, il se serait introduit par surprise dans sa chambre et aurait simulé un étouffement en plaquant un oreiller sur son visage.
Après avoir été analysé, le portable de Cayrou montrait qu'entre le 1er et le 17 août, en dehors d'un seul autre appel, il avait exclusivement contacté, et à de nombreuses reprises, Patricia Wilson. Le 23 août, informé par des proches que les gendarmes le recherchaient, Jean-Louis Cayrou s'est présenté à son initiative à la gendarmerie de la Salvetat, où il était aussitôt placé en garde à vue pour des faits d'enlèvement et de séquestration, puis pour homicide volontaire.
D'autres recherches confirmèrent que le sang retrouvé chez elle était bien celui de Patricia Wilson, et que les traces ADN des deux protagonistes étaient présentes sur un tendeur retrouvé dans le coffre du véhicule du jardinier. D'autres éléments figurent également dans la procédure. Le réquisitoire introductif du 25 août 2012 a ajouté la préméditation à la mise en examen pour homicide volontaire.

Pas de corps

En dépit de recherches longues, dont certaines se sont prolongées jusqu'au début de cette année, jamais le corps de la disparue n'a été retrouvé.
Comme il l'a fait fin août 2014 en écrivant à la garde des Sceaux, Christiane Taubira, puis en amorçant une grève de la faim, Jean-Louis Cayrou clame toujours son innocence. Le 27 août dernier, il écrivait à la ministre : «Le harcèlement des juges de Montpellier contre moi n'existe que parce que l'enquête n'a rien donné. Le corps de Mme Wilson n'a pas été retrouvé et je suis en prison parce que ce soir-là, je suis allé rejoindre Mme Wilson, que je suis tombé sur une scène ensanglantée et que j'ai eu peur.» Il évoque aussi ce C15, avec deux personnes à son bord, qu'il aurait croisé dans l'allée menant à la maison des «Landes Basses» le soir de la disparition.
À la fin de ce mois, Maître Lévy reviendra, «sans trop se faire d'illusions», dit-il, devant le juge des libertés et de la détention pour redemander une suspension de détention provisoire de son client.
Donald Marcus, le conjoint de Patricia Wilson, s'est, lui, constitué partie civile. Pour l'heure, aucune date n'a encore été fixée pour un renvoi devant les Assises…
*Toute personne mise en examen bénéficie de la présomption d'innocence.
 

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