jeudi 9 juillet 2015

Un an après, le drame d'Ascou n'a toujours pas livré son secret

Le 9 juillet 2014, un enfant de 7 ans décède lors de son séjour en colonie de vacances au chalet Saint-Bernard, à Ascou-Pailhères. Un an après, les causes de la mort du jeune Abderrazak restent inconnues.
Ce devait être des vacances de rêve pour une quarantaine d'enfants natifs de Villeneuve-le-Roy, en région parisienne. Ce groupe devait séjourner quinze jours au chalet Saint-Bernard, géré par l'association Marc & Montmija, sur le site de la station de ski d'Ascou-Pailhères. Mais le 9 juillet 2014, voilà tout juste un an, la «colo» vire au drame.
En fin de matinée, alors qu'il a été transporté au centre hospitalier du Val d'Ariège (Chiva) quelques heures plus tôt, un enfant de 7 ans décède. Le garçon était malade depuis la veille : il enchaînait les diarrhées et les crises de vomissements. Toute la nuit, le personnel du centre de vacances a tenté de lui prodiguer des soins mais l'état du petit Abderrazak ne s'est pas amélioré. Alors, en ce mercredi matin, la direction du Saint-Bernard décide d'alerter les secours qui organisent le transport du jeune malade dans un véhicule des sapeurs-pompiers vers le Chiva, à Saint-Jean-de-Verges.
En dépit des soins apportés par le personnel médical, Abderrazak ne survivra pas.
Une intoxication alimentaire foudroyante est mise en avant pour expliquer le décès. Le ministère de la Jeunesse et des Sports parle même d'une possible «ingestion d'une eau non potable». Car le 1er juillet, donc avant le début de la colonie, l'agence régionale de santé (ARS), comme elle le fait régulièrement, avait analysé l'eau desservant les robinets du Saint-Bernard. Deux jours plus tard, les résultats étant non conformes aux normes en vigueur, elle avait ordonné une restriction de consommation pour les «personnes fragiles». A savoir les bébés, les femmes enceintes, les personnes âgées et les personnes malades.
Le SMDEA avait alors organisé, dès le 4 juillet, une distribution massive de bouteilles d'eau minérale au centre de vacances tout en traitant l'eau de la source. «Nous avons fait comme si l'eau était interdite à la consommation», avait, à l'époque, assuré Augustin Bonrepaux, le président du syndicat mixte départemental de l'eau et de l'assainissement de l'Ariège.

L'enfant est décédé d'une «infection digestive aiguë»

Pendant ce temps, l'autopsie ordonnée par le procureur de la République de Foix, Olivier Caracotch, et pratiquée à l'institut médico-légal de Toulouse dans le cadre d'une enquête «en recherche des causes de la mort», révèle que l'enfant natif du Val-de-Marne est décédé des suites d'une «infection digestive aiguë». Mais cet examen ne parvient pas à déterminer les causes de cette infection.
Seule certitude : ni l'eau, ni la nourriture servies à Ascou ne sont à l'origine de l'infection digestive, ainsi que le démontrent des analyses effectuées par deux laboratoires, l'un à Nancy, le second à Lyon. Un verdict qui sera confirmé début août par les contre-analyses.

Les origines de l'infection restent encore inconnues

Les causes du décès d'Abderrazak demeurent donc inconnues. Et vont le rester. Le 18 août 2014, Olivier Caracotch est obligé de demander une nouvelle expertise à l'institut médico-légal de Toulouse. Les premiers examens toxicologiques et anatomopathologiques n'ont, en effet, rien révélé. «L'expertise anatomopathologique confirme les résultats de l'autopsie, à savoir que l'enfant est probablement décédé d'une infection massive. Néanmoins, l'expertise n'a pas pu déterminer les origines de cette infection», avait, à l'époque, indiqué le procureur de la République.
Depuis, le dossier a été transmis à la juge d'instruction de Foix, Bénédicte Gilbert. Et si les analyses ont été effectuées, les résultats ne sont pas encore connus. Du coup, un an après, les parents d'Abderrazak ne savent toujours pas de quoi leur fils est décédé. «Ils sont effarés de voir qu'en 2015, il faut si longtemps pour connaître les causes de la mort de leur fils», note leur avocat, Me Guillaume Bardon. Lequel se dit «un peu agacé» par le fait qu'«on ne se focalise que sur les causes du décès. Ce que je veux surtout, c'est que soient analysées les réactions de chacun parce que les premiers symptômes dont a souffert l'enfant sont apparus dès le lundi soir. Et on a su après qu'il y avait déjà eu des problèmes dans cet établissement, lors des vacances de Pâques notamment», rappelle l'avocat.

Une demi-douzaine de plaintes ont été déposées

Outre ces nouvelles analyses, Me Bardon attend donc le résultat de la plainte déposée par les parents d'Abderrazak pour «homicide involontaire» et «non assistance à personne en danger». La juge d'instruction est également chargée des plaintes pour «blessures involontaires», «mise en danger de la vie d'autrui», «maltraitance» et «violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité», déposée par une demi-douzaine de parents dont les enfants, séjournant à Ascou en même temps qu'Abderrazak, ont été malades dans les heures et les jours qui ont suivi le drame.
Contactée, l'association Marc & Montmija n'a pas souhaité s'exprimer : «L'instruction est toujours en cours. Nous attendons donc les résultats», a indiqué cette semaine le directeur général de la structure, Didier Ballot.

En savoir plus sur http://www.ladepeche.fr/article/2015/07/09/2140956-an-apres-drame-ascou-toujours-livre-secret.html#wydwK6eL9xC7lhRV.99

 
 

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