samedi 21 février 2015

Un père enlève son fils et s'envole au Pérou

J'ai fait le choix d'emmener mon fils loin des tensions, je reconnais que c'était absurde. J'étais tellement perdu». Hier, un père comparaissait devant le tribunal correctionnel de Foix. Ce que lui reproche la justice ? L'enlèvement de son fils en février 2008. À cette époque, le couple est séparé et c'est la maman qui a la garde de leur petit garçon, alors âgé de 4 ans. Aux vacances d'hiver, comme cela a été décidé par le juge des affaires familiales, le père récupère son enfant pour quelques jours. Mais les jours se transforment en mois. À la fin de la période fixée, la maman - qui vit en Ariège - n'a plus de nouvelle de son enfant. Elle porte plainte. Écoutes téléphoniques, surveillance de l'entourage du père, les services de police mènent l'enquête. Les analyses des comptes bancaires de Y.M. révéleront un retrait de 13 000 euros en novembre et un crédit contracté à la même période de 9 000 euros. «Préméditation» demande la juge unique ? «Non, je voulais offrir de belles vacances à mon enfant, répond le père. Je pensais partir vers Noël mais j'ai hésité». L'enquête permet de retrouver la trace du père fugitif. L'homme, son enfant sous le bras, s'est rendu à Madrid, là, ils ont pris l'avion, direction Lima, au Pérou.

«Je savais que j'étais recherché»

Là-bas, il se présente comme un professeur de mathématiques belge. Avant de partir, il a confié sa carte bleue à une amie pour qu'elle lui envoie de l'argent. Pour ces faits, elle sera condamnée par la justice pour complicité. «Mon frère m'a appris la situation en France par courriel. Dès début mars, je savais que j'étais recherché, que tout cela allait se terminer. Mon fils savait qu'il allait la revoir sa maman. J'ai vécu des moments en paix avec lui, il était heureux.» En France, la mère vit «un calvaire», selon son avocate Me Lydie Delrieu. Dès juin 2008, la justice retire son autorité parentale au père. Interpol intervient. L'homme est interpellé puis libéré car l'extradition depuis le Pérou est impossible. Le petit garçon est rendu à sa mère. En 2009, le père est condamné par défaut à deux mois d'emprisonnement et un mandat d'arrêt est lancé. «En décembre 2013, mon fils (qui avait alors presque 10 ans ndlr) m'a appelé par ses propres moyens. Ma mère lui avait donné mon numéro de téléphone. Il m'a posé des questions sur moi. Je veux tout faire pour recréer le lien.» En août 2014, l'homme revient sur le territoire français, et s'installe dans la région d'Annecy. Il est soumis à un contrôle judiciaire deux fois par semaine et il a interdiction de contacter la maman et l'enfant.
Dans son réquisitoire, Olivier Caractoch, procureur de la République, dénonce «un acte de propriété exclusive, pas un acte d'amour. Nous sommes là face à un dossier atypique, qui a nécessité une importante mobilisation des services de police. En juin 2008, il y avait une inquiétude extrême sur le devenir de l'enfant. (...) Il faut vraiment que le prévenu prenne une totale et absolue conscience de ce qu'il a fait.» L'homme a été reconnu coupable par la justice et écope de deux ans d'emprisonnement avec sursis, de cinq ans d'interdiction de quitter le territoire. Il devra aussi verser 5 000 euros à la maman au titre de préjudice moral et 5 000 euros pour le préjudice matériel.
http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/21/2053383-un-pere-enleve-son-fils-et-s-envole-au-perou.html

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