samedi 28 février 2015

Montbéliard : condamné après un accident mortel, il reprend le volant (toujours) sans le permis

Bénéficiant d’une semi-liberté à la suite d’un homicide involontaire, le jeune homme s’est fait contrôler à Audincourt au volant d’un fourgon alors qu’il n’a toujours pas le permis. Trop, c’est trop !
Franchement, il abuse Vincent Prina. Le 4 février 2009, le tribunal de Belfort l’avait condamné pour un homicide involontaire. Il n’avait alors que 18 ans et quelques semaines lorsqu’il s’était rendu responsable d’un accident mortel. Il n’avait pas le permis. En revanche, il conduisait sous l’empire de stupéfiants. La juridiction de la cité du Lion l’avait alors condamné à deux ans de prison dont 18 mois avec sursis.
« Vous avez un palmarès assez important », constate le président Troilo après avoir énuméré les sept mentions figurant au casier judiciaire du jeune homme. « Vous avez été condamné pour avoir donné la mort et vous repassez pour une conduite sans permis », prolonge le président qui enfonce le clou : « De surcroît, vous bénéficiez d’une semi-liberté ». D’un coup d’un seul, l’avenir de Vincent Prina s’obscurcit.
Ce 24 février, le jeune homme se fait contrôler par la police à Audincourt à bord d’un Peugeot Boxer, volé le 18 mars 2014 et ce à la suite d’une rocambolesque histoire (voir encadré).
Lorsque les policiers lui demandent ses papiers, il est dans l’incapacité de présenter son permis. Et pour cause, il ne l’a jamais passé. Pour autant, le garçon réfléchit vite et donne le patronyme d’un cousin, bonne date de naissance à la clé. « Ah, ça, on ne peut pas dire qu’il a un fort esprit de famille chez vous puisque la première personne que vous balancez, c’est votre cousin », enchaîne le président.

« Ne lui faites pas payer éternellement »

« Comme j’étais en semi-liberté, j’ai eu peur. J’ai dérapé mais ça ne se reproduira pas », promet le prévenu. « Pas avant un petit moment, c’est sûr », convient le magistrat qui développe : « On ne peut pas s’asseoir ainsi sur des décisions de justice. Et qui plus est quand on a tué quelqu’un ». Le ton est clairement donné.
Le procureur est au diapason : « C’est inadmissible ! Ce monsieur a fait un choix. Celui de vivre comme il l’entend ». À lui d’en assumer les conséquences. Et pour le représentant du ministère public, cela passe nécessairement par une peine de prison ferme qu’il quantifie à hauteur de six mois.
Me Marion Gonet, l’avocate de la défense, avoue que sa tâche n’est guère facilitée par son client. Elle indique qu’en 2012, il avait entamé des démarches pour passer le permis. Entamé seulement. Comment aurait-il pu en être autrement sachant que Vincent Prina avoue ne savoir ni lire ni écrire ? « Et vous dites être allé à l’école jusqu’à 14 ans ? Vous faisiez quoi à l’école ? » s’enquiert, un tantinet incrédule, le président.
« Cet homicide involontaire est un boulet pour lui. Il a déjà assez payé. Ne lui faites pas payer éternellement », conjure Me Gonet, plaidant pour une alternative à la prison. Elle fait valoir son contrat à durée indéterminée et formule un souhait : qu’on l’aide à apprendre à lire et à écrire.
Sur ce point, il existe une possibilité. Un apprentissage qui pourrait débuter derrière les barreaux. Car c’est bien à la ligne tracée par le procureur que s’est rallié le tribunal. À hauteur de six mois. Contrôlé au volant d’un fourgon volé, c’est à bord d’un autre, propriété de l’administration pénitentiaire, que le jeune homme a été conduit vers la prison.
http://www.estrepublicain.fr/edition-belfort-hericourt-montbeliard/2015/02/28/condamne-apres-un-accident-mortel-il-reprend-le-volant-(toujours)-sans-le-permis

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire