mardi 3 février 2015

La Rochelle : une bouteille de gaz en feu vole au-dessus de la rocade et atterrit sur sa maison

A un mètre près, la bouteille atterrissait dans la chambre de mon fils. À deux mètres, c'est moi qui la recevais directement sur mon canapé." Choqué, assurément Stéphane l'est encore. Ni lui, ni sa femme et ses deux enfants ne réalisent vraiment ce qui s'est passé en fin d'après-midi, dimanche. Ni ce qui aurait pu se passer.
C'est vers 17 h 30, alors que Stéphane regarde la finale de la coupe du monde de handball sur son canapé, qu'une déflagration, "comme une bombe", retentit à Laleu, un quartier de La Rochelle, au bord de la RN 237 qui relie l'île de Ré au continent.
Dans ma tête, je disais à la bouteille : pète pas, pète pas ! 
Tous les voisins sortent voir ce qui se passe. Dans l'affolement, la panique, tout le monde, dans cette maison située à proximité de l'aéroport, imagine le pire. La fille de Stéphane pense immédiatement à un avion de chasse. Pour les voisins et Stéphane, c'est la crainte d'un crash aérien. L'homme de 47 ans regarde du côté de l'aéroport. Rien à l'horizon. Il se rend devant son pavillon HLM et voit immédiatement une colonne de fumée qui commence à gagner le ciel. Elle provient directement de son garage.

Vol au-dessus de la rocade

Le reste de l'histoire, Stéphane la raconte plus difficilement. Il se rappelle avoir coupé l'électricité avant de se rendre dans son garage. Ensuite, ses souvenirs sont plus diffus. C'est sa fille, présente dans la maison avec son frère, qui raconte la suite. Son père est monté sur le galetas, sorte de combles aménagés dans le garage. De là, il se saisit de la bouteille d'acétylène qui a en fait volé au-dessus de la rocade.
 Stéphane l'accompagne dans sa chute et se blesse légèrement au tibia. Sous le poids de la bouteille, haute d'1 m 30 environ, il tombe. Sa fille lui crie de la lâcher. Il se relève. Chute à nouveau un peu plus loin. Puis encore, avant de jeter définitivement la bouteille de gaz dans son jardin.
« Je pensais à mes enfants avant tout. Dans ma tête, je disais à la bouteille : pète pas, pète pas, pète pas ! […] Je ne sentais pas mes mains, je voulais juste évacuer cet objet de ma maison », explique Stéphane. Comment a-t-il supporté la douleur, la chaleur et le poids de la bouteille ? Encore aujourd'hui, il ne se l'explique pas. L'adrénaline sûrement.

"J'ai pris mon courage à deux mains"

« Il y avait la trace de ses doigts sur la bouteille », témoigne sa fille. C'est après avoir lâché l'objet en feu que Stéphane va réaliser, peu à peu, ses blessures. Ses voisins viennent l'aider à circonscrire les flammes naissantes dans le garage et refroidir la bouteille en feu avant l'arrivée des secours.
« Tout de suite, quand j'ai vu les flammes, je suis retourné chez moi pour prendre un extincteur », détaille Philippe, un voisin proche. « [Stéphane] a été courageux parce qu'il fallait la descendre, la bouteille », reprend-il.
« J'ai pris mon courage à deux mains », arrive à lâcher Stéphane. Souriant parfois, il est comme encore un peu hagard de sa mésaventure, cherche ses mots par moment. Les larmes lui bordent les yeux. Puis il se reprend. Il sait que l'histoire aurait pu très mal se finir.

D'éventuelles greffes de peau

Après coup, la crainte principale était le gaz de ville qui équipe les maisons du quartier. « Si une maison avait explosé, cela aurait pu faire un effet domino avec les autres habitations », imagine Stéphane. La bouteille aurait aussi pu finir sa course folle sur la rocade ou pire, à l'aéroport, tout proche.
Pour autant, il reste dans l'expectative quant à ses mains, brûlées au deuxième degré. Stéphane s'est vu délivrer une interruption temporaire de travail de quinze jours en attendant un diagnostic plus précis. Il devrait être fixé ce mardi quant à d'éventuelles greffes de peau. Une épreuve de plus à affronter : « On dit de moi que je suis courageux et pourtant j'ai peur des piqûres... »
D'où vient cette bouteille de gaz ?
Mais d’où vient cette bouteille de gaz ? Telle est la question à laquelle doit répondre le commissariat de La Rochelle, qui a ouvert une enquête dès le signalement de l’incendie. Les premières investigations confirment que la bouteille a fait un « vol » de près de 200 mètres en passant par-dessus la rocade. « Sa mise à feu » est a priori située au niveau de l’aire d’accueil des gens du voyage, dit des Artichauts, disposant de 40 emplacements de caravanes.

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