Karabatic, un héros rattrapé par la justice

Moins d'une semaine après l'ivresse d'un cinquième titre mondial, le parquet de Montpellier a requis hier le renvoi en correctionnelle de Nikola Karabatic et de 16 autres personnes (dont Luka, son frère ainsi que leurs compagnes). Les réquisitions portent sur des faits «d'escroquerie» ou de «complicité d'escroquerie» dans une affaire de paris litigieux de quelque 80 000 euros qui concernent le match Cesson-MAHB, perdu le 12 mai 2012 par le club montpelliérain et auquel n'avaient pas pris part les frères Karabatic. Le juge d'instruction dispose désormais de trois mois pour rendre son ordonnance et le procès, s'il a lieu, a été programmé en juin.

Vraiment innocent ?

«Si on va au procès, la justice va vers le pathétique et le grotesque», a affirmé Me Jean-Robert Phung pour lequel «il est problématique» de renvoyer Nikola Karabatic devant un tribunal alors qu'il «a été mis hors de cause pour les paris par la fédération et n'a pas joué le match».

Le rapport qui entretient le doute…

Dans cette affaire, le demi-centre a toujours gardé la même version : il n'a jamais pris part aux paris. Problème : son ordinateur et son smartphone ont été en liaison avec des sites où l'on peut miser et les enquêteurs ont découvert des captures d'écrans sur la cote de cette rencontre… Pour sa défense, le joueur affirme que c'est sa compagne qui a utilisé son téléphone. Mais les analyses du bornage du téléphone n'accréditent pas forcément cette thèse…
Plus globalement, se pose pour tous les avocats le problème du rapport d'expertise réalisé par MM. Lazare Nordine, docteur en Staps et ancien arbitre, et Johann Rage, professeur de sport à l'université, qui estiment qu'il y a des éléments qui «corroborent un scénario qui visait à conduire à ce que Cesson mène à la mi-temps conformément aux enjeux des paris». Mais ils tempèrent aussi : ces éléments «peuvent aussi être vus comme un mauvais match».
«Le fait qu'il y a deux hypothèses devrait conduire au doute», relève Me Luc Abratkiewicz, défenseur de Mladen Bojinovic, aujourd'hui au PSG, certain que le parquet après «le grand spectacle des interpellations» veut forcément un procès et une «grand-messe médiatique».
Qu'on se le dise, la fin du tapage n'est pas encore d'actualité.
http://www.ladepeche.fr/article/2015/02/07/2045367-karabatic-un-heros-rattrape-par-la-justice.html