samedi 21 février 2015

Adolescente tuée dans un accident de voiture en Gironde : son jeune chauffeur écroué

Le 8 décembre 2013, une adolescente est décédée dans un accident de voiture. Le conducteur avait bu, fumé et roulait vite. Il a été condamné à trois ans de prison
«Ça va très bien mon papa. » Le texto est daté de 0 h 45, le 8 décembre 2013. Conclu par un smiley, il contient les derniers mots d'Amandine à son père. À 6 h 47, elle n'a pas répondu à son SMS inquiet de ne pas la voir de retour. À 7 h 01, il apprenait son décès dans un accident de la route survenu à Lanton.
Le conducteur du véhicule à bord duquel elle avait pris place était jugé vendredi pour homicide involontaire par le tribunal correctionnel de Bordeaux. Ce soir-là, il avait bu de la vodka, fumé des joints et roulait trop vite. À 120 km/h au lieu de 50.

Il se pensait en état de conduire

En plein milieu d'une courbe, la Mercedes a quitté la route, percuté un mur et fini sa course contre une rambarde de pont. Passagère avant, Amandine, 17 ans, est décédée sur le coup. Le conducteur et les deux autres passagers ont été grièvement blessés.
Raccroché à la barre, Michaël Baleste, 24 ans, ne sait pas, ne comprend pas, esquive, pleurniche, essuie ses larmes d'un revers de manche de blouson. Il en pinçait pour Amandine. A-t-il voulu l'impressionner au volant de son puissant véhicule ? Il se pensait en état de conduire, évoque une plaque de verglas ou de gazole sur la chaussée.
Il baisse les yeux devant les clichés qui montrent l'état du véhicule après le choc. « Depuis ce jour, je me sens coupable. C'est dur de se dire que tout le monde vous fait confiance et qu'en cinq secondes plus personne ne vous parle. » « Je n'ai pas revu ma fille », témoigne, tremblant, le père d'Amandine. Il garde en tête l'image des gyrophares, des secours. « Elle n'a pas fêté ses 18 ans, ni son bac qu'elle espérait avoir avec mention. Cette vie volée, ça aurait pu être évité. »

« Roulette russe »

« La conduite du prévenu a fait un mort et beaucoup de blessés », plaide Me Didier Leick, un des avocats de la partie civile. Il ne parle pas seulement de l'art de piloter. « L'accident est un événement fortuit, mais là, il n'y a pas de hasard. » « Il a joué à la roulette russe », accuse Me Dabia Bey. Pour Me Mehana Mouhou, qui épaule « une mère abîmée, en miettes », « ce n'était pas le chauffeur mais le chauffard de ces dames ».
« Il ne voulait pas la tuer, mais il a tout fait pour », résume le vice-procureur Jean-Louis Rey. Le magistrat accable un peu plus les parties civiles, renvoyant chacun à ses responsabilités. « Tout le monde avait bu, personne ne l'a empêché de prendre le volant. Ce n'est pas un délinquant, mais il doit se racheter. » Il requiert une « peine d'expiation » de quatre ans dont deux avec sursis et un mandat de dépôt.
Me Éric Grosselle s'insurge contre « cette loi du Talion. La justice ce n'est pas la vengeance ». L'avocat assure que le prévenu « souffre tous les jours qu'il soit ou non en prison. Pour toujours, il est celui qui a tué la petite Amandine ». Il a même gravé les initiales de l'adolescente sur une chevalière qui ne quitte pas son auriculaire. Le conseil conteste le rapport d'expertise et sa vitesse excessive. « Tout cela est incertain. »
Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné Michaël Baleste à trois ans ferme et a ordonné son incarcération immédiate. Mécontent, las et chagriné, son frère s'en est alors pris au vice-procureur en l'insultant. Il a été placé en garde à vue pour outrage.
http://www.sudouest.fr/2015/02/21/un-jeune-chauffard-ecroue-a-l-issue-de-l-audience-1836409-2780.php

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