vendredi 23 septembre 2016

Nancy : « une hausse des agressions »

Après l’agression qui a coûté la vie à un lycéen à la sortie d’une discothèque, le point sur l’insécurité à Nancy avec Abdel Nahass, responsable local d’Unité-SGP-Police-FO

Y a-t-il une hausse des agressions la nuit au centre-ville ?
Pour nous, la réponse est clairement oui. Il y a une hausse des agressions. La majorité des policiers le ressent clairement.
Vous avez des chiffres qui confirment ce ressenti ?
Non. Car quand nous essayons de les obtenir, c’est le black-out. Nous les avons demandés à plusieurs reprises à la direction et on nous les a refusés.
Pourtant, les pouvoirs publics communiquent dessus. Lors d’un conseil municipal de mai, des chiffres ont par exemple été donnés. Ils étaient d’ailleurs bons. Cela contredit votre impression ?
Ce sont des chiffres qui sont donnés de but en blanc, à la volée. Ce n’est pas ça, que nous demandons. Nous voulons des tableaux d’évolutions sur plusieurs années afin de pouvoir les décortiquer. Nous voulons aussi avoir accès à la manière dont les chiffres sont calculés.
Car vous soupçonnez qu’ils sont trafiqués ?
Non. Je ne dis pas ça. Les chiffres ne sont pas trafiqués. Ils sont travaillés. C’est différent. Nous ne sommes pas dupes. Les statistiques ne sont pas faites par une autorité indépendante mais par la hiérarchie policière et il y a de multiples façons d’influer sur leurs résultats. Je vous donne un exemple. Lorsque vous avez un véhicule qui est forcé et un objet qui est pris à l’intérieur, vous pouvez comptabiliser cette infraction, selon ce qui vous arrange, soit dans la catégorie des dégradations, soit dans la catégorie des vols par effraction. Et on peut multiplier ce genre d’exemples à l’infini.
On ne peut donc pas faire confiance aux statistiques de la délinquance ?
Les gens n’ont en tout cas plus confiance dans l’institution policière et ont tendance à régler leurs comptes eux-mêmes. Et ce phénomène joue dans l’augmentation des violences que les collègues constatent sur le terrain.
Y compris au centre-ville de Nancy ?
Oui. Mais ce n’est pas le seul facteur. La ville n’échappe pas aux phénomènes nationaux. Il y a une augmentation générale de la violence.
La création d’une zone de sécurité prioritaire au centre-ville a-t-elle servi à quelque chose ?
Oui. C’était une bonne idée. On a créé le Groupe de sécurité et de proximité qui fait du bon boulot dans les ZSP de l’agglo. Mais, d’une part, les collègues ne sont pas assez nombreux. Et, d’autre part, ils ont été pris dans d’autres services dont on a affaibli les capacités opérationnelles.
Il y a un manque d’effectif ?
Oui. Depuis les attentats, le nombre des missions et servitudes a explosé. A Nancy comme ailleurs. Les policiers ne peuvent pas être partout à la fois. Nous ne cessons d’alerter les élus locaux sur cette situation. Mais seuls les députés Féron et Khirouni ainsi que les maires de Saint-Max et Laxou nous ont répondu.
Pas le maire de Nancy ?
Non, jamais. Nous avons aussi alerté le ministre de l’Intérieur qui a, lui, promis une étude sur la situation à Nancy. Nous l’attendons…
Combien faudrait-il de policiers en plus ?
Au minimum une trentaine pour la sécurité publique et une dizaine pour les enquêtes de police judiciaire. Un chiffre résume l’ampleur du problème : jusqu’au début des années 90, chaque brigade de jour était composée d’une cinquantaine de fonctionnaires alors qu’aujourd’hui elles tournent avec à peine une trentaine de d’hommes chacune.
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2016/09/23/nancy-une-hausse-des-agressions

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