vendredi 30 septembre 2016

Il avait fait de son «ami» son «souffre-douleur

«C'est une véritable entreprise familiale d'extorsion». C'est par ces mots que le procureur Céline Raygnault a résumé les faits qui ont conduit le tribunal correctionnel de Castres à condamner à 2 ans de prison ferme un homme de 28 ans mercredi qui comparaissait pour extorsion sur une personne vulnérable. Shrefi Messaoudi avait déjà été condamné par défaut pour ces faits mais avait fait opposition du jugement. Mais ses dénégations à la barre mercredi n'auront rien changé au quantum de la peine. Il faut dire que son comportement à l'audience, son lourd passé judiciaire et ses pertes de mémoire n'ont pas plaidé pour ce délinquant connu pour ses accès de violence et son casier judiciaire très chargé. Il était jugé pour avoir en mai et juin 2013 contraint un de ses «amis» d'enfance du quartier du Martinet à le conduire à Toulouse, Marseille ou encore en Espagne et à lui faire payer les séjours : transports, hôtels, repas, prostitués, vêtements… Au total, la victime, connue pour sa gentillesse mais aussi sa fragilité psychologique, aurait déboursé près de 1 000 € alors qu'il avait déjà du mal à joindre les deux bouts avec son petit salaire d'employé dans un magasin de bricolage et la charge de sa fille. «Il était devenu son souffre-douleur, sa principale source de revenu» a continué le procureur indiquant que le prévenu profitait de la vulnérabilité de la victime en laissant planer la menace de violences envers lui mais aussi envers sa famille. Un racket déjà institué par le frère aîné du prévenu, condamné lui aussi il y a quelques mois, qui avait contraint la victime à faire des crédits à la consommation. Une telle emprise qui a poussé la victime à vouloir disparaître et à envisager de se suicider pour s'en sortir en août 2013. C'est d'ailleurs quand il est retrouvé errant et hagard à Réalmont après que sa voiture ait été retrouvée brûlée près du lac de la Bancalié que le jeune homme a raconté aux policiers le calvaire qu'il endurait depuis des années. «Je lui ai peut-être demandé de m'emmener en m'énervant parce que j'ai des problèmes de nerfs mais il ne m'a rien financé du tout. De toute façon, j'avais bu et je prenais des cachets donc je ne me souviens de rien, lâche le prévenu pour sa défense balayant tous les témoignages contre lui. Ils sont tous jaloux de moi. Et je me fais toujours condamner à tort. Il faut qu'on me laisse tranquille dans ma tête.». Un mode «Caliméro» qui n'a évidemment pas convaincu le président Dominique Bardou et ses assesseurs qui ont suivi les réquisitions du procureur en condamnant l'individu, déjà détenu pour autre cause, à deux ans de prison ferme. Il devra aussi verser près de 2000€ de dommages et intérêts à sa victime qui a eu le courage d'être présente à l'audience mais qui n'a jamais voulu croiser le regard de son tortionnaire.
http://www.ladepeche.fr/communes/castres,81065.html

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