jeudi 3 mars 2016

Il avait dépouillé des automobilistes sur l'A62

Juillet 2013. Deux automobilistes bordelais qui stationnaient sur l'aire de repos de l'A 62, à Saint-Porquier, étaient passés à tabac et dépouillés de 8 500 €. Après un an d'enquête, les gendarmes arrêtaient l'un des braqueurs. Jugé, ce dernier a écopé de quatre ans.
Cheveux rasés, lunettes, Abdelkader Bennabi, 34 ans, a des faux airs de Malcom X. Incarcéré depuis plus d'un an, cet ancien électricien reconverti en braqueur n'avait pas manqué de culot. Un mois avant son audience, ce mardi, il avait, en effet, présenté une demande de libération. Une requête bien pensée par son avocat, Me Alexandre Parra-Bruguière, l'un des ténors du barreau toulousain, que ne suivait pas l'expérimentée juge d'instruction Nicole Bergougnan qui présidait, ce mardi-là, l'audience du tribunal correctionnel de Montauban. C'est donc encadré de son escorte du centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan qu'Abdelkader Bennabi s'est présenté devant le tribunal. Avant de l'interroger, le président Michel Redon revenait sur cette affaire qu'il qualifiait, d'emblée, de «brigandage de grand chemin». En effet, le 17 juillet 2013, deux Bordelais de 21 et 40 ans se rendent à Nîmes, chez un particulier, pour lui acheter son véhicule dont l'annonce a été publiée sur le web. La transaction faite, contre 8 500 € en liquide, les deux hommes regagnent la Gironde. Seul hic, près de Toulouse, le véhicule récemment acquis tombe en rade. Ils rappellent l'ancien propriétaire qui se montre disposé à rembourser la somme s'il ramène l'auto à Nîmes. Après quelques appels, ils trouvent un dépanneur qui les ramène dans la préfecture gardoise. La transaction achevée, les deux amis acceptent, par la suite, la proposition du garagiste de prendre leur automobile sur son plateau pour regagner ensemble Toulouse.

Un véritable guet-apens

«Il est 6 heures le 18 juillet lorsqu'ils reprennent leur Peugeot 206 sur le périphérique de Toulouse et repartent en direction de la Gironde», confirmait le président Redon. Quarante-cinq minutes plus tard, sur l'aire de repos de l'A 62, à Saint-Porquier, les deux Bordelais tombent dans un véritable guet-apens. Un fourgon avec trois individus les attend, ils leur réclament, d'emblée, les 8 500 € qu'ils ont en leur possession. «L'un d'eux est sorti avec un couteau en ma direction, Aziz a été tabassé par les deux autres», confirmait le juge Redon en lisant le procès-verbal de l'une des victimes. «Je l'ai juste poussé alors qu'il partait en courant», arguait l'accusé. «Il a tout de même eu sept jours d'ITT délivré par un médecin légiste, ce n'est pas rien qu'une bousculade», tonnait le magistrat. «Mon client est traumatisé, il a interrompu, depuis, ses études, il fait des insomnies et est incapable de reprendre l'autoroute depuis ces faits», plaidait Me Jérémie Glories pour l'une des victimes. «Vous étiez bien trois?», poursuivait Michel Redon. «Oui», répondait laconiquement A. Bennabi.

Le dépanneur a échangé 75 messages avec lui

«Et votre cousin, le garagiste qui a assisté au remboursement des 8 500 €, il n'y est pour rien?», insistait le juge, qui rappelait que le dépanneur avait été entendu comme témoin assisté durant l'instruction. «Non, en rien», lâchait le mis en cause sans sourciller. Des réponses qui faisaient sortir de ses gonds le substitut du procureur Mathias Marchand. «Ces faits, qui ont été requalifiés (le couteau n'ayant pas été retrouvé) et qui vous auraient sinon conduit devant les assises, sont des plus crapuleux. L'opération était programmée et préméditée, votre trio était sûr de son coup», tempêtait le magistrat, qui n'oubliait pas de rappeler les soixante-quinze messages téléphoniques échangés entre le cousin garagiste et A. Bennabi le jour des faits. Regrettant que l'accusé ne donne pas le nom de ses comparses, Mathias Marchand donnait l'estocade en faisait une remarque des plus pertinentes : «Lorsqu'on vient à trois pour braquer deux automobilistes sur l'autoroute, on ne vient pas sans arme, juste les mains dans les poches...»
De son côté, Me Alexandre Parra-Bruguière, qui ne minimisait pas la responsabilité de son client, rappelait toutefois avec justesse que l'on ne pouvait lui reprocher de ne pas donner le nom de ses comparses, son client «ayant déjà endossé le plus grave dans ce dossier, celui d'avoir organisé ce vol». Revenant sur les onze condamnations de A. Bennabi, l'avocat toulousain pointait du doigt que dix d'entre elles étaient des délits routiers. «Mon client était artisan, il avait perdu son permis, il lui fallait continuer à travailler», assurait l'avocat de la défense qui réclamait une peine plus magnanime que les quatre ans requis par le Ministère public. Le verdict tombait, sans surprise, identique aux réquisitions. Abdelkader Bennabi regagnait sous bonne escorte sa cellule pour au moins deux ans.

http://www.ladepeche.fr/article/2016/03/03/2296727-il-avait-depouille-des-automobilistes-sur-l-a62.html

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