dimanche 10 janvier 2016

Par «manque d'amour» il a pillé...dix-sept églises !

«Les voleurs ne s'arrêtent pas aux portes des lieux sacrés». Le constat du parquet s'applique à une série impressionnante de vols dans de nombreuses églises de la région. Et l'auteur présumé de cette longue série vient d'être jugé par le tribunal correctionnel de Toulouse, vendredi. Au total 80 objets de culte ont été dérobés dans dix-sept églises du département, principalement l'agglomération toulousaine mais également en Ariège, Tarn et Tarn-et-Garonne. Ornements, tableaux, statuettes et statues composaient cet impressionnant butin retrouvé par les gendarmes de la brigade des recherches de la compagnie de Toulouse Saint-Michel. Sur les traces du voleur depuis février 2015 et le vol d'un reliquaire contenant un os de Saint-Thomas d'Aquin en l'église de Castelginest, les gendarmes ont retrouvé presque tous les objets volés au domicile de ce suspect âgé de 45 ans et adepte d'une décoration très chargée. Le suspect a, un temps, tenté de «charger» un complice mais ce dernier, identifié, a été mis hors de cause.

«Faut fermer les églises !»

C'est la découverte de l'ADN du voleur lors de prélèvements dans une église cambriolée qui a permis son interpellation. «Un jour je suis entré dans une église par hasard et je me suis dit : pourquoi pas ?», explique le prévenu amateur d'art. Puis ce voleur particulier apporte ses conseils en matière de lutte contre les vols : «C'est fou ce qu'on trouve dans les églises. Il faut les fermer !» Et selon lui, c'est par «manque d'amour» qu'il est devenu voleur. «Mes parents m'ont beaucoup aimé. Il a fallu que je combatte le vide, après…» Plus terre à terre, Me Flint, l'avocat de la ville de Toulouse, regrette, au-delà des vols, la dégradation de nombreux objets d'art. «La restauration se chiffre à 12 700 €». Le procureur Mouysset salue d'abord «le gros travail d'investigation des gendarmes». Surtout il prend le soin d'écarter toute forme de cleptomanie, décelée lors d'une expertise psychologique. «Il faisait des repérages ! Rien à voir avec quelqu'un qui agit par pulsion.» Le magistrat requiert deux ans de prison dont une année avec sursis et mise à l'épreuve. Une interdiction de se rendre dans une église est également demandée au tribunal.
«Des réquisitions complètement disproportionnées» considère l'avocate du prévenu, Me Pibouleau. Elle tente d'expliquer le comportement de son client. Un trop-plein d'amour parental puis le vide d'une rupture amoureuse, au moment de couper le cordon. «Ce vide a été comblé par de nombreuses dérives. Mais il a aussi fallu remplir l'appartement», considère l'avocate avant de rappeler : «il s'est arrêté lorsque l'appartement était plein».
Le tribunal a condamné le prévenu, dont le casier judiciaire comporte deux mentions pour des délits routiers, à 12 mois de prison avec sursis et mise à l'épreuve comportant une obligation d'indemniser les victimes. Au total, plus de 27 000 € restent à la charge du prévenu pour indemniser l'ensemble des églises victimes.
http://www.ladepeche.fr/article/2016/01/10/2252844-par-manque-d-amour-il-a-pille-dix-sept-eglises.html

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