mercredi 1 avril 2015

Braquages en Lot-et-Garonne : "Je venais de sortir de prison, j’avais besoin d’argent


Le visage du professeur Doutremepuich disparaît de l'écran. La visioconférence avec le biologiste est terminée. Le président Richiardi avise, un brin nostalgique sous l'hermine : « C'est un ponte de la génétique que j'ai rencontré à l'occasion de grands procès. » Celui qui accapare, jusqu'à ce mercredi soir, la cour d'assises de Lot-et-Garonne aurait bien peine à intégrer cette catégorie.

Euros, alcool et tabac

Et les lycéens venus assister mardi aux débats doivent se dire que le quotidien judiciaire n'a pas la densité de ses transcriptions cinématographiques ou télévisuelles. Surtout à la lecture des faits imputés à Rachid B. et Sébastien T. Deux braquages de gérantes de multiservices. Une tentative dans une boulangerie. Une Ford Fiesta dérobée sur un parking.
De son banc dans le box, seul Rachid avoue sa participation aux vols à main armée des épiceries de Granges-sur-Lot et Saint-Hilaire-de-Lusignan commis au mois de mai 2012. Butin : 1 228 euros et 50 paquets de cigarettes chez l'une. Deux bouteilles de whisky et 30 euros au préjudice de la seconde. Quelques jours plutôt, un boulanger de Bias avait mis en fuite les braqueurs.

« Besoin d'argent »

« Je venais de sortir de prison pour des cambriolages. J'avais besoin d'argent. Je ne me voyais pas repartir dans le vol de maisons. En détention j'avais entendu parler de ça. Qu'on pouvait faire de l'argent facile… J'avais un pistolet à billes dans mes affaires, alors… » Alors Rachid, délinquant assumé, a plongé tête la première dans la criminalité. Une carrière de courte durée interrompue par une empreinte ADN laissée sur un sac plastique à Bias et dans la Ford volée.
Le Villeneuvois avait un complice. Pour la justice, Sébastien T., dit « Le Lyonnais » en référence à ses origines, est celui-là. Il s'en défend. Avec une détermination et une aisance peut-être explicable par l'épaisseur de son casier judiciaire : le trentenaire est rompu aux interrogatoires serrés. L'accusé s'abrite aussi derrière les éléments du dossier. « Écoutez, ce n'est pas à mon âge que je vais monter sur des braquages. Et puis vous n'avez retrouvé mon ADN nulle part et aucun témoin ne m'a formellement reconnu. »

197 appels en détention

Le président exhume alors du dossier ses dépositions antérieures, où il faisait état d'aucune relation d'aucune sorte avec le co-accusé : « Nous avons pourtant 197 conversations téléphoniques entre vous pendant que vous étiez en détention », oppose le juge.
« Rachid, je le connais. Mais pas comme un braqueur. » L'audition des témoins cités, deux détenus, ne fera pas avancer le schmilblick. Alors le président cherche à obtenir de l'un ce que l'autre lui refuse. Sans plus de succès.
« Je ne suis pas une balance, répond Rachid. Ce n'est pas lui qui était avec moi. Mais maintenant c'est fini. Moi aussi je peux me braquer. Je ne répondrai dorénavant que sur ce que j'ai fait et que j'assume. »
L'audience a été suspendue à 18 heures. Verdict attendu ce mercredi soir.

http://www.sudouest.fr/2015/04/01/brouillard-sur-les-braquages-de-la-vallee-du-lot-1878137-3652.php

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