jeudi 19 mars 2015

Ivre, elle n'arrive pas à passer le péage

Rosine, 60 ans, se tient raide à la barre. Droite comme un «I». Ce ne devait pas être le cas ce 29 juillet dernier, à 19 h 10, à Capvern. Les gendarmes sont postés à l'entrée de l'autoroute, juste avant le péage, lorsqu'ils voient arriver une voiture, tractant une caravane. Banal. Ce qui l'est moins, c'est que la conductrice a toutes les peines du monde à passer la barrière. Manœuvres, marche arrière, marche avant… rien n'y fait, la dame n'arrive pas à passer le péage. Intrigués et surtout mis en alerte, les gendarmes s'approchent : Rosine a «le regard vitreux, les yeux voilés et sent fortement l'alcool». On la fait descendre de son véhicule : elle tient à peine debout et ses explications sont plus qu'embrouillées. Immédiatement, les gendarmes lui présentent l'éthylotest : 1,70 g d'alcool dans le sang. Pas étonnant que la barrière se soit mise à bouger pour l'empêcher de passer… À la barre, Rosine ne conteste pas les faits en eux-mêmes, mais la procédure, ce qui a le don d'exaspérer la présidente Élisabeth Gadoullet : «Venir discuter une régularité de procédure quand un est un danger public, c'est un peu gros. Votre avocate a fait un incident au greffe avant l'audience, c'est absolument inadmissible !» En effet, la jeune avocate parisienne de la prévenue entendait obtenir la nullité de la procédure au motif qu'on avait présenté à sa cliente l'éthylotest avant l'éthylomètre, alors qu'en principe ce devait être le contraire. La présidente s'emporte franchement : «Ça revient strictement au même et la procédure est respectée ! Un point c'est tout». Quant aux faits, Rosine explique : «J'avais un peu bu, c'est vrai, j'étais à un anniversaire…» La présidente réplique illico : «Ce n'était pas au Champomy, cet anniversaire ! Et en plus, ça revient chaque année !» La dame a déjà en effet à son actif une condamnation pour conduite en état alcoolique. Et ses analyses sanguines ne rapportent pas la preuve qu'elle soit sobre comme un chameau. «Prendre et faire prendre aux autres de tels risques sur une autoroute, avec une caravane attelée en plus !, c'est insensé», s'offusque la procureure Aude Le Herrissier. La demande de nullité est bien sûr rejetée et la prévenue condamnée à 3 mois de prison avec sursis et mise à l'épreuve pendant 18 mois, avec obligation de soins antialcooliques, 600 € d'amende et annulation de permis.

http://www.ladepeche.fr/article/2015/03/19/2069660-ivre-elle-n-arrive-pas-a-passer-le-peage.html

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire