mardi 13 septembre 2016

Giovanni Lava sera-t-il enterré comme il est mort, seul dans la rue à Seclin ?

Vendredi, Giovanni Lava était retrouvé mort dans un buisson près de la collégiale de Seclin. Une annonce qui a suscité des réactions en ville et sur Internet. De la tristesse. De la colère. En attendant, des questions restent en suspens : dans quelles conditions sera-t-il enterré ? Qui prendra en charge l’inhumation ?
On connaît son identité, à peine son histoire. Selon la mairie, Giovanni Lava, quarante-neuf ans, aurait « grandi à Seclin, sans être élevé par ses parents. Il aurait plus tard quitté le Nord avant de revenir il y a peu à Seclin. »
Sur sa page Facebook qui comptait 276 amis, encore active en mai, Giovanni écrivait qu’il était menuisier, vivait à Beauvais après avoir habité Montauban durant trente ans, mais rêvait de retourner à Seclin. Il y est mort.
La Seclinoise Magalie lui apportait cigarettes et nourriture : « Il était agréable. Parlait à mes enfants. Il me disait juste que c’était dur de vivre à la rue. Je lui disais qu’il fallait qu’il demande de l’aide. »

Son copain à sa recherche

Son copain de rue, Olivier Flament, n’en savait guère plus. Il partageait juste les galères, la solitude qu’il noyait dans l’alcool. Depuis sa disparition, Olivier sillonnait la ville à sa recherche. Avant d’apprendre son décès : « Il s’est fait taper c’est ça ? Je vais régler son compte à celui qui lui a fait du mal », lâche-t-il, à peine distinctement. Même si aucun signe de violence n’est apparu à l’examen du corps.
Giovanni est une des victimes de plus de la rue. Un homme sans histoires, inconnu à la mairie de Seclin : « Il ne s’est jamais présenté ici. Les sans domicile fixe peuvent demander une domiciliation ou des bons d’urgence pour se nourrir. Il n’est jamais venu réclamer quoi que ce soit ! Il n’était pas là depuis très longtemps ! »

Au carré des indigents

Sera-t-il enterré comme il est mort ? Si aucune famille ne se manifeste, la ville de Seclin devra prendre en charge les funérailles de Giovanni Lava. Et enterrera le sans domicile fixe au carré des indigents du cimetière de Burgault. « Seuls les ascendants ou descendants ont l’obligation de prendre en charge les obsèques sauf s’ils n’ont pas les moyens », explique Cécile Rocca, du collectif Morts dans la rue, à Paris.
À Lille, Mémoire-fraternité se mobilise depuis dix ans pour les funérailles des personnes sans ressources : « On en a 35 à 50 par an à Lille. Les pompes funèbres nous préviennent et je bats aussitôt le rappel », explique Michel Ruef. Une dizaine de personnes assistent aux cérémonies laïques, préparent des discours. « C’est la sœur Irène Devos qui avait créé il y a vingt ans l’association Magdala après qu’un SDF lui a confié qu’ on n’est tellement rien qu’on est enterrés comme des chiens ».
Le collectif a été créé quand l’association s’est développée. Mais la cinquantaine de bénévoles n’intervient qu’à Lille : « On n’a pas les effectifs suffisants pour gérer les autres communes. Il m’est arrivé à titre personnel d’assister à des funérailles ».

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